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Quand les saisons roulent sur les toits, le jour et la nuit se confondent. Ils ne sont pas différents, ils s’échangent leurs masques, se cachent l’un dans l’autre. Des lumières, des couleurs, des ombres, déversées par paquets chassés par l’hiver ou accumulés contre les rives du toit. Des lunes renouvelées, recomptées, des étoiles, des nuits renversées, les choses parlent plus que les mots. Elles n’ont pas besoin de mentir, d’inventer. Les choses : ce que l’on voit, que l’on touche, que l’on perçoit, qui apparaît, disparaît, tout ce qui est hors de nous. Alors ça se met à parler, quand le son dans la gorge a rendu ses derniers mots, ça tricote une nouvelle langue, de nouvelles couleurs, la métamorphose court, nous emporte. Nous tisse en même temps un filet solide où rebondir, des cordes plus rêches, plus sèches où mettre les mains, ou des arbres ou des parfums de neige.

photo r.t

4 réflexions sur “

  1. magnifique photo comme un tableau abstrait que sont donc ces taches colorées vertes ? il est vrai qu’elle évoquent les choses en de çà des mots, palette réel.

    belle journée à toi cher René

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    1. C’est de la mousse, chère Huê. C’est une photo qui a resurgi d’une autre saison, puisqu’elle date d’une année à peu près. Et c’est curieux, je m’aperçois que ces mots « les saisons roulent sur les toits » ont dû me venir de cette image de la mousse, court-circuitant à la fois le mot (mousse) et le dicton (pierre qui roule…). Et c’est une palette, tu as raison, merci de ton oeil de peintre !

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  2. Je ne peux que me répéter:

    Larmes vertes d’entre tuiles
    parfums de neige d’entre doigts
    le temps coule…

    mais j’ajoute:

    Me plaisent ces temps
    lunes recomptées en métamorphoses
    langue rauque et neuve

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